Ignorance Mortelle.
Je me lève, m’habille, me
maquille et me coiffe, j’ai mon rituel du matin, toujours le même, je
me maquille oui… j’ai un coté androgyne, je l’aime bien, on me critique
beaucoup c’est vrai, mais je m’en préoccupe pas.
Je préfère vivre ma vie comme je l’entends, même si cette vie me tuera...
Après être descendu je salue ma mère, n’obtiens aucun réponse comme
à chaque fois et pars en direction de mon lycée la peur au ventre je
l’avoue.
Je passe les grilles noires et grandes de mon lycée pour apercevoir
cet être blond ô combien trop loin de moi, ce blond c’est Pierre-Eric,
un terminale, je le regarde très longtemps souvent.
Je m’assieds sur l’herbe près de grille, contre un arbre aux
branches cassées, aux feuilles poussées par le vent. J’aime le
regarder, le voir sourire….
Je porte pendant ces moments mon regard sur ce blond, ses yeux
tellement brillants et beaux…. je le regarde, sa cigarette à la main ou
entre les lèvres. Ces lèvres que j’aimerais effleurer avec les miennes…
Son sourire charmeur posé sur son visage quand un ami lui raconte
une blague… J’aime ça, le voir, le regarder pendant les quelques
minutes où je peux le faire.
Le voir vivre heureux, chose que je ne peux pas faire… J’aime
regarder ses manies, ses petits gestes qu’il fait sans s’en rendre
compte…Sa manière d’expirer la fumée, celle de tenir sa cigarette…Sa
manière de marcher, le bras droit plié… Celle de se retourner toujours
du coté gauche quand on l’appelle…
Personne ne me dérange, je n’ai aucun ami, personne ne n’aime,
personne ne m’apprécie, je ne sais pas pourquoi…. Je n’attire pas le
monde.
Les seuls qui me parlent sont les amis de Pierre-Eric, mais,
seulement pour me critiquer, Pierre-Eric lui, ne vient jamais me voir,
il ne me critique pas, mais, il ne me regarde pas, pas de mal, pas de
bien.
- alors la tafiole, tu mate qui aujourd’hui?
- Il doit mater Pierrot encore!
Il rigole comme d’habitude, je rougis comme à chaque fois, je ne bouge pas, je me recroqueville comme toujours.
- T’as peur mon chou, t’inquiète pas je vais t’aider moi viens…
- Oui suis-nous!
J’ai peur, qu’est-ce qu’ils veulent, il me force à me lever et
m’emmène dans les toilettes, il me colle a une paroi, un des gars
essaye de me déshabiller pendant que l’autre ôte sa ceinture…
Le bruit de la ceinture me fait peur, ils ne veulent pas me violer
non... Ils veulent me faire mal, ils font toujours ça… Les marques sur
mon dos le prouvent… Je suis torse nu…Par terre.
Je pleure... j’ai mal à cause des coups qu'ils portent sur mon
dos... J’ai mal à mon cœur meurtri par tout ça…la seule image que j’ai
en tête c’est lui, Pierre-Eric… son visage, son corps…Lui que je ne
pourrai jamais approcher… lui à qui je ne pourrai jamais parler.
J’ai mal au dos, je dois être rouge... Pire... Je saigne, je sens
le sang couler vers mes côtes, je sens ce liquide chaud qui me dégoûte
parcourir mon corps et venir s’étaler sur le sol. Je me sens mal, ma
tête tourne…Je m’évanouis ….
Quand je me réveille je n’ai pas bougé… Je suis toujours dans les
toilettes extérieures, mon portable et mes affaires gisent à coté de
moi, mon sac est éventré, mon portable détruit, mes affaires déchirés,
seuls mes vêtements sont intacts…
Je pleure de douleur, cette douleur qui ne s’arrête pas, cette douleur qui me prend tout le corps et l’âme.
Je me relève difficilement, Aujourd’hui sera comme les autres
jours… Je serais blessé, des marques seront ajoutées à mon corps, j’ai
plein de cicatrices, plein de marques, de bleus… Je me dirige après
avoir pris difficilement mes affaires, vers l’infirmerie. L’infirmière
me connaît…
- Encore vous jeune homme!
- Oui…
- Bon installez-vous sur la table d’auscultation je vais vous soigner…
- D’accord.
…..
- Ce n’est pas joli tout ça! Vous vous êtes battu encore?
- On m’a agressé.
- Hum... Je ne pense pas qu’un élève soit capable de ça, je pense plutôt que vous vous êtes mis dans un sale pétrin!
- Si vous le dites…
Elle ne me croit jamais… Elle pense ce qu’elle veut… Pour elle je
provoque les bagarres... Je suis soi-disant un bagarreur… alors que je
n’aime pas ça. Je ne suis pas du genre à être apprécié dans ce lycée…
Après avoir eu un mot d’excuse je me dirige vers le cours.
J’entre dans la salle, donne le mot de retard au professeur qui me regarde, puis regarde mes affaires… détruites…
- Vous comptez travailler avec cela? Vous vous moquez de moi j’espère?
- Je… Désolé…
- Ne vous inquiétez pas je vais vous envoyez dans un endroit ou vous jouerez moins le malin…
Il donne un exercice aux autres élèves, qui montrent leur
mécontentement et me demande de le suivre, ce que je fais. Il marche le
long d’un couloir, tourne à gauche et se dirige vers le couloir des
terminales, je sais ce qui va m’arriver… un cours de 3 heures en
terminale…
Il aime cette punition, ceux qui ont un retard ou autre chose, pour
lui c'est ceux qui se croient plus doués que les autres… Il les emmène
alors dans des classes de niveau supérieur, je suis en seconde et me
retrouve alors en classe de terminale... Je ne vais rien comprendre…
Il frappe à une porte, puis il entre. Il parle avec une professeur,
blonde et petite, un sourire méchant aux lèvres, elle m’indique une
place, il n’y a personne a coté de moi… Pas encore, la personne a dû
s’absenter, car il y a des affaires. Je m’installe, je sors des
crayons, pas de feuille j'en n’ai pas….
- Bon, cet élève a cru bon de détruire ses affaires et d’être en
retard au cours de Monsieur Pétrus, alors il assistera à notre cours
aujourd’hui.
- D’accord madame! Répond alors la classe.
Un jeune homme frappe a la porte et entre, donne un tas de feuille
au professeur et s’installe a coté de moi, je ne peux alors plus
bouger, ce jeune homme est nul autre que Pierre-Eric, le seul garçon
qui me fascine. Je le regarde s’approcher de moi, s’asseoir…Il ne me
regarde pas… Il ne fait pas attention à moi.
Comme d’habitude il ne me jette aucun regard, aucune attention, je
suis comme une mouche dans un bocal vide, comme un nuage abandonné dans
un ciel noir… La prof écrit un exercice au tableau, et demande à ce
qu’il soit fait pour la fin de l’heure.
Je demande une feuille a Pierre-Eric, mais, il ne me répond pas il se contente de fermer les yeux puis de les rouvrir.
Je sors une feuille que la prof m'a… gentiment balancée sur la
table. Je travaille, enfin j’essaye mais, c’est trop dur, je n’ai pas
le niveau… Après 2 heures de cours c’est la pause déjeuner, je sors de
la salle, après avoir entendu un :
- A tout a l’heure jeune homme
De la prof. Je m’en vais dehors, après m'être acheté un sandwich a
une boulangerie. Suivi d’un cours trajet, je rentre dans le lycée et
m’assieds dans un coin tranquille. Je mange en silence, j’ai une envie
de pleurer comme toujours, je pleure... Comme chaque jour.
L’heure passe lentement, j’ai du mal à manger, j’ai du être frappé
au ventre tout a l’heure, l’infirmière m'as montrée de gros bleus
dessus… Ça me fait affreusement mal…
Douleur, ce mot s’applique à moi, douleur physique des coups
reçus... douleur morale... Des doutes qui m’assaillent… la douleur de
voir celui que j’aime m’ignorer… l’avoir à coté de moi pendant 2
heures, sans qu’il se soucie de mon existence….
L’heure sonne, je remonte en cours. Je me dirige vers la salle des
terminales, j’aurais encore dû avoir cours avec Monsieur Pétrus mais,
vu que je suis puni je viens là.
La prof me laisse entrer et je me rassieds à la même place,
Pierre-Eric n'est pas assis a coté de moi cette fois, il a bougé à
l’autre bout de la salle, j’ai mal…
Il me fuit, je le sais vu les regards surpris de certains élèves,
il ne doit pas bouger beaucoup, et surtout ne pas se mettre a coté du
petit intello qui le colle a présent
Mais qu’ai-je fait pour être haï ainsi? Je ne comprendrai donc
jamais? Dois-je me conformer aux autres pour être respecté? Sûrement….
Le cours commence, je ne comprends toujours pas… Je ne peux pas
regarder Pierre-Eric sinon on me remarquerait, je devrais me retourner
et donc me faire repérer... Je ne le peux donc pas… J’écoute ce cours
dont je ne comprends pas un traître mot…
Le cours se finit, je sors et me dirige dans mon cours de français,
celui de ma classe, j’y entre… une fille me donne assez froidement les
cours de Monsieur Pétrus et va s’asseoir.
Je me mets à ma place et écoute le cours… Je repense à Pierre-Eric,
comme toujours, j’imagine son sourire, qui ne sera jamais pour moi,
j’imagine son visage de face, que j’ai aperçu la première fois il y a 4
heures….
La journée finit dans deux heures… Deux longues heures….
Le cours passe trop lentement à mon goût, mon dos commence à me
faire mal. Une larme coule sur ma joue, certaines personnes l'as
remarque, mais ne s’en préoccupent pas... Comme d’habitude… J’ai mal…
Je veux rentrer chez moi…
Les heures sont finies... Enfin je peux rentrer chez moi, me
réfugier dans ma chambre…. Je rentre, je salue ma mère qui ne me répond
pas… Comme d’habitude… Je monte dans ma chambre, m’enferme… fait mes
devoirs... Et dors… Je n’ai pas de vie….
Le matin je refais mon rituel, la seule chose qui peut me rendre heureux, une chose futile mais qui me fait sourire.
Je redescends en bas pour manger, ma mère détourne son regard de
moi, elle ne me parle plus depuis des années, je ne sais pas pourquoi…
Mon père n’est pas là, il ne l'a jamais été, je ne l’ai jamais connu.
Je mange, je sors… Encore une journée de lycée …qui se passe comme
hier… Une agression... Une punition… cette fois, J'aiderai les
cantinières à midi…Je ne mangerai pas cette fois….
Je vois les élèves qui passent un à un devant moi, je leur sers ce
qu’ils veulent, ils me regardent hypocritement, comme un chien qu’ils
pensent que je suis… L’animal qui leur sert à manger… Je ne suis rien….
Je le sers alors lui…
Il ne me regarde toujours pas, mais mon cœur bat à 1000 à l’heure
quand je frôle sa main qui récupère son assiette…. Pas un regard….
J’ai fini ma punition…Ca vient juste de sonner, je suis en cours…
Une larme à l’œil comme toujours… J’attends la fin de ce jour affreux….
La sonnerie de 16 heures sonne, j’ai fini, je rentre chez moi…
Les rues désertes sont ma route… Comme un pestiféré, je marche…
Comme un monstre, je suis évité... Je rentre chez moi… Prononce un
salut sans réponse… Un sourire sans amour… Je monte dans ma chambre,
fais mes devoirs… me douche…. M’endors….
Une semaine est passée…. Avant un mois était passé… un an… deux
ans... Tout cela dure depuis si longtemps que je ne peux plus compter,
depuis…Je souffre, je ne vis plus, je survis… je survis à cette
torture…
Je me lève encore… effectue ce rituel tueur à présent… me dirige
vers mon lycée après être sorti de chez moi après un au revoir sans
réponse… Toujours pareil ensuite…. Agression… Retard, punition… Je dois
aider les terminales à préparer leur bac…
Je reste 3 heures à aider un groupe de jeunes, à faire des choses
dont je ne comprends pas le but ni la consistance… Dans le mépris
total… Dans l’ignorance que me porte l’amour de ma vie…
Cette vie que je ne supporte plus… Après le cours je rentre chez
moi… quand j’arrive des garçons sont devant chez moi… Le voisin
sûrement…
Je monte dans ma chambre, toujours après ce bonsoir inutile… J’en
ai marre de cette vie… Pourquoi je dois vivre ça? Pourquoi moi?
Qu’ai-je fait à part vivre? Qu’ai-je fait pour que les gens me
haïssent? Pour que les gens me torturent, s’amusent de moi? Pour être
ignoré par celui que j’aime ?
Je ne comprendrai jamais pourquoi ma vie est ainsi… Je n’en peux
plus… je n’en veux plus… Je veux mourir…. M’évader dans le seul endroit
où je serais heureux… Le ciel… Et si je dois partir en enfer… Ce sera
mieux qu’ici… La pire souffrance et celle que je vis ici... même
l’enfer est un berceau à côté…
Je prends une feuille et écris une phrase déçue… Je monte cet
escalier noir et abîmé… Je vois cette corde sagement posée au sol… Je
la prends, la regarde… l’admire… elle pourrait m’aider elle…. Me
sauver….
Je pourrais ne plus souffrir…Ne plus vivre… Partir d’ici… Je me
lève et regarde vers le plafond…Ces poutres de bois qui on l’air si
solides… je regarde la corde….
J’accroche la corde à cette poutre… Elle me soutiendra elle... Elle
soutiendra mon poids. Un nœud bien fait, une boucle parfaite, une corde
rouge…
Je l’accroche à mon cou, je la passe a mon cou, après être monté
sur ce tabouret…Je regarde par la fenêtre, un groupe de jeunes…. Qui
discutent... Pierre-Eric dedans…Il rigole...
Mon amour, celui qui est inaccessible… La corde serrée à mon cou,
mon avenir… La mort, je soupire, je respire… J’expire les dernière
bouffées d’air que je peux réaliser, je tiens ce papier que j’ai écrit…
Cette feuille blanche où j’ai écrit la seule phrase qui me
caractérisera plus tard...
Un coup de pied, un bruit, deux bruits… Un souffle coupé… Je suis
pendu à cette corde... Le tabouret tombe, roule vers la fenêtre brise
un carreau…. Je ne peux plus respirer… Son visage c’est la dernière
chose que je vois…. Je meurs… Je suis mort…
Une tombe… des mots inscrits… Une mère qui annonce, sans pleurs…
sans sentiments… Que les mots inscrits sont ses derniers mots écrits :
…..
Des jours plus tard…un mois…Un jeune homme pleure devant une tombe…
Celle de Camille Serit…. Et dit :
« Je n’aurais jamais du t’ignorer…. Je t’aimais…Je t’aime… »
Un humain pleure…..Un ange aussi… Pierre-Eric aimait Camille mais
l’a ignoré... De peur d’être détesté… Sa peur lui a faire perdre un
amour… sa peur a tué son amour…
Je me lève, m’habille, me
maquille et me coiffe, j’ai mon rituel du matin, toujours le même, je
me maquille oui… j’ai un coté androgyne, je l’aime bien, on me critique
beaucoup c’est vrai, mais je m’en préoccupe pas.
Je préfère vivre ma vie comme je l’entends, même si cette vie me tuera...
Après être descendu je salue ma mère, n’obtiens aucun réponse comme
à chaque fois et pars en direction de mon lycée la peur au ventre je
l’avoue.
Je passe les grilles noires et grandes de mon lycée pour apercevoir
cet être blond ô combien trop loin de moi, ce blond c’est Pierre-Eric,
un terminale, je le regarde très longtemps souvent.
Je m’assieds sur l’herbe près de grille, contre un arbre aux
branches cassées, aux feuilles poussées par le vent. J’aime le
regarder, le voir sourire….
Je porte pendant ces moments mon regard sur ce blond, ses yeux
tellement brillants et beaux…. je le regarde, sa cigarette à la main ou
entre les lèvres. Ces lèvres que j’aimerais effleurer avec les miennes…
Son sourire charmeur posé sur son visage quand un ami lui raconte
une blague… J’aime ça, le voir, le regarder pendant les quelques
minutes où je peux le faire.
Le voir vivre heureux, chose que je ne peux pas faire… J’aime
regarder ses manies, ses petits gestes qu’il fait sans s’en rendre
compte…Sa manière d’expirer la fumée, celle de tenir sa cigarette…Sa
manière de marcher, le bras droit plié… Celle de se retourner toujours
du coté gauche quand on l’appelle…
Personne ne me dérange, je n’ai aucun ami, personne ne n’aime,
personne ne m’apprécie, je ne sais pas pourquoi…. Je n’attire pas le
monde.
Les seuls qui me parlent sont les amis de Pierre-Eric, mais,
seulement pour me critiquer, Pierre-Eric lui, ne vient jamais me voir,
il ne me critique pas, mais, il ne me regarde pas, pas de mal, pas de
bien.
- alors la tafiole, tu mate qui aujourd’hui?
- Il doit mater Pierrot encore!
Il rigole comme d’habitude, je rougis comme à chaque fois, je ne bouge pas, je me recroqueville comme toujours.
- T’as peur mon chou, t’inquiète pas je vais t’aider moi viens…
- Oui suis-nous!
J’ai peur, qu’est-ce qu’ils veulent, il me force à me lever et
m’emmène dans les toilettes, il me colle a une paroi, un des gars
essaye de me déshabiller pendant que l’autre ôte sa ceinture…
Le bruit de la ceinture me fait peur, ils ne veulent pas me violer
non... Ils veulent me faire mal, ils font toujours ça… Les marques sur
mon dos le prouvent… Je suis torse nu…Par terre.
Je pleure... j’ai mal à cause des coups qu'ils portent sur mon
dos... J’ai mal à mon cœur meurtri par tout ça…la seule image que j’ai
en tête c’est lui, Pierre-Eric… son visage, son corps…Lui que je ne
pourrai jamais approcher… lui à qui je ne pourrai jamais parler.
J’ai mal au dos, je dois être rouge... Pire... Je saigne, je sens
le sang couler vers mes côtes, je sens ce liquide chaud qui me dégoûte
parcourir mon corps et venir s’étaler sur le sol. Je me sens mal, ma
tête tourne…Je m’évanouis ….
Quand je me réveille je n’ai pas bougé… Je suis toujours dans les
toilettes extérieures, mon portable et mes affaires gisent à coté de
moi, mon sac est éventré, mon portable détruit, mes affaires déchirés,
seuls mes vêtements sont intacts…
Je pleure de douleur, cette douleur qui ne s’arrête pas, cette douleur qui me prend tout le corps et l’âme.
Je me relève difficilement, Aujourd’hui sera comme les autres
jours… Je serais blessé, des marques seront ajoutées à mon corps, j’ai
plein de cicatrices, plein de marques, de bleus… Je me dirige après
avoir pris difficilement mes affaires, vers l’infirmerie. L’infirmière
me connaît…
- Encore vous jeune homme!
- Oui…
- Bon installez-vous sur la table d’auscultation je vais vous soigner…
- D’accord.
…..
- Ce n’est pas joli tout ça! Vous vous êtes battu encore?
- On m’a agressé.
- Hum... Je ne pense pas qu’un élève soit capable de ça, je pense plutôt que vous vous êtes mis dans un sale pétrin!
- Si vous le dites…
Elle ne me croit jamais… Elle pense ce qu’elle veut… Pour elle je
provoque les bagarres... Je suis soi-disant un bagarreur… alors que je
n’aime pas ça. Je ne suis pas du genre à être apprécié dans ce lycée…
Après avoir eu un mot d’excuse je me dirige vers le cours.
J’entre dans la salle, donne le mot de retard au professeur qui me regarde, puis regarde mes affaires… détruites…
- Vous comptez travailler avec cela? Vous vous moquez de moi j’espère?
- Je… Désolé…
- Ne vous inquiétez pas je vais vous envoyez dans un endroit ou vous jouerez moins le malin…
Il donne un exercice aux autres élèves, qui montrent leur
mécontentement et me demande de le suivre, ce que je fais. Il marche le
long d’un couloir, tourne à gauche et se dirige vers le couloir des
terminales, je sais ce qui va m’arriver… un cours de 3 heures en
terminale…
Il aime cette punition, ceux qui ont un retard ou autre chose, pour
lui c'est ceux qui se croient plus doués que les autres… Il les emmène
alors dans des classes de niveau supérieur, je suis en seconde et me
retrouve alors en classe de terminale... Je ne vais rien comprendre…
Il frappe à une porte, puis il entre. Il parle avec une professeur,
blonde et petite, un sourire méchant aux lèvres, elle m’indique une
place, il n’y a personne a coté de moi… Pas encore, la personne a dû
s’absenter, car il y a des affaires. Je m’installe, je sors des
crayons, pas de feuille j'en n’ai pas….
- Bon, cet élève a cru bon de détruire ses affaires et d’être en
retard au cours de Monsieur Pétrus, alors il assistera à notre cours
aujourd’hui.
- D’accord madame! Répond alors la classe.
Un jeune homme frappe a la porte et entre, donne un tas de feuille
au professeur et s’installe a coté de moi, je ne peux alors plus
bouger, ce jeune homme est nul autre que Pierre-Eric, le seul garçon
qui me fascine. Je le regarde s’approcher de moi, s’asseoir…Il ne me
regarde pas… Il ne fait pas attention à moi.
Comme d’habitude il ne me jette aucun regard, aucune attention, je
suis comme une mouche dans un bocal vide, comme un nuage abandonné dans
un ciel noir… La prof écrit un exercice au tableau, et demande à ce
qu’il soit fait pour la fin de l’heure.
Je demande une feuille a Pierre-Eric, mais, il ne me répond pas il se contente de fermer les yeux puis de les rouvrir.
Je sors une feuille que la prof m'a… gentiment balancée sur la
table. Je travaille, enfin j’essaye mais, c’est trop dur, je n’ai pas
le niveau… Après 2 heures de cours c’est la pause déjeuner, je sors de
la salle, après avoir entendu un :
- A tout a l’heure jeune homme
De la prof. Je m’en vais dehors, après m'être acheté un sandwich a
une boulangerie. Suivi d’un cours trajet, je rentre dans le lycée et
m’assieds dans un coin tranquille. Je mange en silence, j’ai une envie
de pleurer comme toujours, je pleure... Comme chaque jour.
L’heure passe lentement, j’ai du mal à manger, j’ai du être frappé
au ventre tout a l’heure, l’infirmière m'as montrée de gros bleus
dessus… Ça me fait affreusement mal…
Douleur, ce mot s’applique à moi, douleur physique des coups
reçus... douleur morale... Des doutes qui m’assaillent… la douleur de
voir celui que j’aime m’ignorer… l’avoir à coté de moi pendant 2
heures, sans qu’il se soucie de mon existence….
L’heure sonne, je remonte en cours. Je me dirige vers la salle des
terminales, j’aurais encore dû avoir cours avec Monsieur Pétrus mais,
vu que je suis puni je viens là.
La prof me laisse entrer et je me rassieds à la même place,
Pierre-Eric n'est pas assis a coté de moi cette fois, il a bougé à
l’autre bout de la salle, j’ai mal…
Il me fuit, je le sais vu les regards surpris de certains élèves,
il ne doit pas bouger beaucoup, et surtout ne pas se mettre a coté du
petit intello qui le colle a présent
Mais qu’ai-je fait pour être haï ainsi? Je ne comprendrai donc
jamais? Dois-je me conformer aux autres pour être respecté? Sûrement….
Le cours commence, je ne comprends toujours pas… Je ne peux pas
regarder Pierre-Eric sinon on me remarquerait, je devrais me retourner
et donc me faire repérer... Je ne le peux donc pas… J’écoute ce cours
dont je ne comprends pas un traître mot…
Le cours se finit, je sors et me dirige dans mon cours de français,
celui de ma classe, j’y entre… une fille me donne assez froidement les
cours de Monsieur Pétrus et va s’asseoir.
Je me mets à ma place et écoute le cours… Je repense à Pierre-Eric,
comme toujours, j’imagine son sourire, qui ne sera jamais pour moi,
j’imagine son visage de face, que j’ai aperçu la première fois il y a 4
heures….
La journée finit dans deux heures… Deux longues heures….
Le cours passe trop lentement à mon goût, mon dos commence à me
faire mal. Une larme coule sur ma joue, certaines personnes l'as
remarque, mais ne s’en préoccupent pas... Comme d’habitude… J’ai mal…
Je veux rentrer chez moi…
Les heures sont finies... Enfin je peux rentrer chez moi, me
réfugier dans ma chambre…. Je rentre, je salue ma mère qui ne me répond
pas… Comme d’habitude… Je monte dans ma chambre, m’enferme… fait mes
devoirs... Et dors… Je n’ai pas de vie….
Le matin je refais mon rituel, la seule chose qui peut me rendre heureux, une chose futile mais qui me fait sourire.
Je redescends en bas pour manger, ma mère détourne son regard de
moi, elle ne me parle plus depuis des années, je ne sais pas pourquoi…
Mon père n’est pas là, il ne l'a jamais été, je ne l’ai jamais connu.
Je mange, je sors… Encore une journée de lycée …qui se passe comme
hier… Une agression... Une punition… cette fois, J'aiderai les
cantinières à midi…Je ne mangerai pas cette fois….
Je vois les élèves qui passent un à un devant moi, je leur sers ce
qu’ils veulent, ils me regardent hypocritement, comme un chien qu’ils
pensent que je suis… L’animal qui leur sert à manger… Je ne suis rien….
Je le sers alors lui…
Il ne me regarde toujours pas, mais mon cœur bat à 1000 à l’heure
quand je frôle sa main qui récupère son assiette…. Pas un regard….
J’ai fini ma punition…Ca vient juste de sonner, je suis en cours…
Une larme à l’œil comme toujours… J’attends la fin de ce jour affreux….
La sonnerie de 16 heures sonne, j’ai fini, je rentre chez moi…
Les rues désertes sont ma route… Comme un pestiféré, je marche…
Comme un monstre, je suis évité... Je rentre chez moi… Prononce un
salut sans réponse… Un sourire sans amour… Je monte dans ma chambre,
fais mes devoirs… me douche…. M’endors….
Une semaine est passée…. Avant un mois était passé… un an… deux
ans... Tout cela dure depuis si longtemps que je ne peux plus compter,
depuis…Je souffre, je ne vis plus, je survis… je survis à cette
torture…
Je me lève encore… effectue ce rituel tueur à présent… me dirige
vers mon lycée après être sorti de chez moi après un au revoir sans
réponse… Toujours pareil ensuite…. Agression… Retard, punition… Je dois
aider les terminales à préparer leur bac…
Je reste 3 heures à aider un groupe de jeunes, à faire des choses
dont je ne comprends pas le but ni la consistance… Dans le mépris
total… Dans l’ignorance que me porte l’amour de ma vie…
Cette vie que je ne supporte plus… Après le cours je rentre chez
moi… quand j’arrive des garçons sont devant chez moi… Le voisin
sûrement…
Je monte dans ma chambre, toujours après ce bonsoir inutile… J’en
ai marre de cette vie… Pourquoi je dois vivre ça? Pourquoi moi?
Qu’ai-je fait à part vivre? Qu’ai-je fait pour que les gens me
haïssent? Pour que les gens me torturent, s’amusent de moi? Pour être
ignoré par celui que j’aime ?
Je ne comprendrai jamais pourquoi ma vie est ainsi… Je n’en peux
plus… je n’en veux plus… Je veux mourir…. M’évader dans le seul endroit
où je serais heureux… Le ciel… Et si je dois partir en enfer… Ce sera
mieux qu’ici… La pire souffrance et celle que je vis ici... même
l’enfer est un berceau à côté…
Je prends une feuille et écris une phrase déçue… Je monte cet
escalier noir et abîmé… Je vois cette corde sagement posée au sol… Je
la prends, la regarde… l’admire… elle pourrait m’aider elle…. Me
sauver….
Je pourrais ne plus souffrir…Ne plus vivre… Partir d’ici… Je me
lève et regarde vers le plafond…Ces poutres de bois qui on l’air si
solides… je regarde la corde….
J’accroche la corde à cette poutre… Elle me soutiendra elle... Elle
soutiendra mon poids. Un nœud bien fait, une boucle parfaite, une corde
rouge…
Je l’accroche à mon cou, je la passe a mon cou, après être monté
sur ce tabouret…Je regarde par la fenêtre, un groupe de jeunes…. Qui
discutent... Pierre-Eric dedans…Il rigole...
Mon amour, celui qui est inaccessible… La corde serrée à mon cou,
mon avenir… La mort, je soupire, je respire… J’expire les dernière
bouffées d’air que je peux réaliser, je tiens ce papier que j’ai écrit…
Cette feuille blanche où j’ai écrit la seule phrase qui me
caractérisera plus tard...
Un coup de pied, un bruit, deux bruits… Un souffle coupé… Je suis
pendu à cette corde... Le tabouret tombe, roule vers la fenêtre brise
un carreau…. Je ne peux plus respirer… Son visage c’est la dernière
chose que je vois…. Je meurs… Je suis mort…
Une tombe… des mots inscrits… Une mère qui annonce, sans pleurs…
sans sentiments… Que les mots inscrits sont ses derniers mots écrits :
Camille Serit 1992 - 2008
« Pierre-Eric Blanchardi…. L’amour que je n’ai jamais pu avoir… »
« Pierre-Eric Blanchardi…. L’amour que je n’ai jamais pu avoir… »
…..
Des jours plus tard…un mois…Un jeune homme pleure devant une tombe…
Celle de Camille Serit…. Et dit :
« Je n’aurais jamais du t’ignorer…. Je t’aimais…Je t’aime… »
Un humain pleure…..Un ange aussi… Pierre-Eric aimait Camille mais
l’a ignoré... De peur d’être détesté… Sa peur lui a faire perdre un
amour… sa peur a tué son amour…